samedi 22 mai 2010

Un feuilleton réaliste ?

Plus belle la vie est un feuilleton qui se veut ancré dans la société actuelle (un « véritable feuilleton de proximité ancré dans la société d'aujourd'hui », d'après la société qui produit la série[2]). Il n'est pas rare qu'il fasse allusion à divers évènements d'actualité, qu'ils soient politiques, sportifs, économiques, sociaux, etc., sur lesquels les personnages réagissent.

Dans une certaine mesure, Plus belle la vie tend à être un feuilleton réaliste :

* Le feuilleton entend offrir une représentation fidèle de la société française actuelle : contrairement à d'autres séries telles que Sous le soleil, où le décor se constitue indéfectiblement de grosses villas en bord de mer et de belles voitures, Plus belle la vie offre au téléspectateur une vision plus populaire de la vie, à Marseille. Le quartier du Mistral n'est en effet pas forcément reluisant, il est tagué, cabossé. Les appartements sont communs, leur décoration n'est pas nécessairement tapageuse ou d'un goût remarquable. La plupart des personnages ne sont pas issus de la haute bourgeoisie (ce qui n’est pas le cas dans de nombreux soap operas), mais de milieux socio-économiques divers. Plus belle la vie entend ainsi représenter plus fidèlement la France actuelle, présentée comme un pays métissé, où cohabitent familles recomposées et couples homosexuels. En outre, la série aborde fréquemment des sujets de société, tels que la consommation de drogue chez les jeunes, l’illettrisme des adolescents ou encore l’homoparentalité.

* Le feuilleton ne se limite pas à une succession d’intrigues criminelles ou romanesques : à l'inverse d'autres séries (françaises ou non), Plus belle la vie ne se résume pas à une succession ininterrompue d'enlèvements, de trafics de drogue, de meurtres, de secrets de famille, etc. Même si ce feuilleton met en scène des intrigues policières (parfois teintées de fantastique, notamment dans la troisième saison avec l'affaire Vassago), il les entremêle avec des intrigues plus intimistes (histoires d'amour, d'amitié, de travail...), dans lesquelles le téléspectateur peut a priori se reconnaître plus facilement. Ainsi, aux histoires d’escrocs machiavéliques et de tueurs en série s’entremêlent des histoires plus « quotidiennes » d’amours adolescentes, d’étudiants stressés avant leurs examens ou d’actifs traversant des difficultés financières.

* Le feuilleton cherche à être ancré dans le quotidien du téléspectateur et dans l’actualité [8] : suivant sa volonté de représenter (plus ou moins fidèlement) la société actuelle, il n’est pas rare que le feuilleton fasse référence à des sujets qui sont au centre de l’actualité française ou internationale. Ainsi, en plein débat sur la loi du 23 février 2005 (qui prévoyait de mentionner dans les programmes scolaires le rôle positif de la colonisation), la colonisation française et la guerre d'Algérie ont été évoquées par le biais du personnage de Mélanie. En 2008, le Mistral est le théâtre d'une affaire d'espionnage où sont évoqués les Jeux olympiques de Pékin et les troubles qui touchent la communauté tibétaine. Plus belle la vie ne cherche donc pas à être un feuilleton « hors du temps », mais plutôt ancré dans le présent. Le fait que la plupart des épisodes relatent les évènements du jour de leur diffusion vise à faciliter l'identification des téléspectateurs avec les personnages, qui fêtent par exemple Noël ou la Saint-Valentin le même jour qu'eux.

Mais le « réalisme » de la série a aussi ses limites :

* Il ne se passe jamais rien lors des week-ends : conséquence du fait que chaque épisode met en scène les évènements du jour de sa première diffusion française, les éventuelles péripéties du samedi et du dimanche ne sont jamais montrées à l'écran et sont seulement évoquées par les personnages. En effet, France 3 ne diffuse le feuilleton que du lundi au vendredi. Cela implique qu'il ne se passe jamais grand chose le week-end, ce qui peut donner lieu à des invraisemblances (par exemple, quand un personnage est mis en garde à vue le vendredi soir, il ne ressortira pas du commissariat avant le lundi suivant, même si sa garde à vue aurait vraisemblablement pu s'arrêter le samedi). Par ailleurs, le simple fait que les week-ends soient vides d'évènements peut passer pour une invraisemblance, étant donné que le reste de la semaine est un concentré d'aventures.

* Le Mistral vit au rythme d'aventures aussi nombreuses que dramatiques : même si, comme expliqué plus haut, le feuilleton ne se résume pas à une succession d’intrigues criminelles ou romanesques, le Mistral n’en semble pas moins être la plaque tournante de tous les malheurs de Marseille. Étant donné que la série, pour attirer des téléspectateurs, peut difficilement s'en tenir à relater uniquement le quotidien banal de gens ordinaires, il se passe toujours quelque chose de dramatique au Mistral. Au fil des différentes saisons, le Mistral a été le théâtre de plusieurs affaires de meurtre, d'affaires d'espionnage ou encore d'une émeute contre les forces de l'ordre, a été mis en quarantaine à cause d'une grave épidémie, etc. Il semble peu vraisemblable qu'un quartier populaire soit le cadre d'intrigues et de drames aussi fréquents et aussi nombreux. La conséquence directe de cette profusion d'intrigues est le nombre élevé de morts depuis le début du feuilleton. En effet, début septembre 2009 (date de la fin de la cinquième saison), pas moins de 70 personnages, pour la plupart secondaires, avaient trouvé la mort depuis le début de la série (voir Personnages décédés depuis le début de la série). En outre, ces décès résultent rarement de causes naturelles, mais plus souvent de meurtres, d'empoisonnements, de suicides... Néanmoins, si l'invraisemblance est avérée, force est de constater que ces intrigues criminelles et leurs conséquences funestes expliquent en grande partie[réf. nécessaire] le succès incontesté de Plus belle la vie.

* Un casting intermittent : parce que Plus belle la vie s'est progressivement doté d'un casting particulièrement important, il n'est pas rare que certains personnages principaux disparaissent pendant plusieurs semaines, au profit d'autres plus secondaires mêlés à l'intrigue actuelle. Tel furent les cas de Mélanie, de Ninon, de Rudy, de Léo... Cela peut paraître invraisemblable, au vu de la taille du quartier et de la proximité entre tous les personnages. Le caractère intermittent du casting tient à la fois au nombre élevé de personnages secondaires (qui rend ingérable la présence de tous les comédiens principaux à l'écran) et aux desiderata des acteurs principaux. Par exemple, lors de la quatrième saison, le personnage de Charlotte a disparu pendant huit mois pour la simple raison que son interprète, Hélène Médigue, a voulu faire une pause et se consacrer quelque temps à autre chose que son rôle dans le feuilleton. De même, dans la cinquième saison, les scénaristes ont dû imaginer divers rebondissements pour justifier l'absence de trois des principaux personnages féminins, dont les interprètes étaient alors enceintes : Ninon (jouée par Aurélie Vaneck), Luna (jouée par Anne Decis) et Charlotte (Hélène Médigue).

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